Décryptage: Enquête de paiement France 2024 de la Coface

Le 18 septembre 2024, la Coface, une entreprise fondée il y a plus de 75 ans et leader mondial dans le domaine de l’assurance-crédit et de la gestion des risques, a publié son étude annuelle sur les paiements en France. La Coface est également reconnue pour son expertise en matière d’information d’entreprise, de cautionnement, de risques politiques, de recouvrement de créances et d’affacturage.

L’étude a été dirigée par le responsable de la recherche macroéconomique de la Coface, Bruno de Moura Fernandes. 640 entreprises de tous secteurs ont participé à l’enquête. Il y avait aussi bien des entreprises avec des revenus inférieurs à €2M que des entreprises générant plus de €100M de chiffre d’affaires. Vous trouverez dans cet article les chiffres clés, ainsi que notre analyse.

Délais de paiement allongés

En 2024, le délai moyen de paiement s’est établi à 51 jours, contre 48,2 jours en 2023, marquant un allongement notable. Cette tendance est principalement attribuée aux PME, qui ont étendu leurs délais de 2,6 jours, mais surtout aux ETI et grandes entreprises (GE), qui ont accordé 8,4 jours supplémentaires. En revanche, le délai de paiement chez les TPE a très peu évolué, celles-ci étant souvent limitées par des contraintes de trésorerie ne leur permettant pas de supporter des délais trop longs. Malgré ces disparités, 97 % des entreprises interrogées, y compris les TPE, ont consenti à des délais de paiement pour leurs clients.

Les écarts se dessinent également selon la taille des entreprises : les ETI/GE affichent un délai moyen de 59,6 jours, contre 44,2 jours pour les TPE. En outre, les délais de paiement varient selon les secteurs d’activité, comme le montre le graphique ci-dessous. Notons que la situation s’est fortement dégradée dans les industries de la chimie et des services financiers, où les délais ont presque doublé.

Cependant, les délais ne sont pas toujours suffisants et l’on voit aussi de plus en plus de retards de paiement.

52% des entreprises constatent plus de retards de paiement qu’en 2023

Il est également observé que les retards de paiement se sont intensifiés, affectant 85 % des entreprises. Non seulement ces retards sont plus fréquents, mais ils s’allongent également : 67 % des entreprises interrogées rapportent une augmentation de la durée moyenne des retards. La situation est particulièrement préoccupante pour les TPE, dont 73 % constatent une aggravation de la durée des retards. Cela est d’autant plus alarmant que 25 % des TPE considèrent cet impact comme critique pour leur trésorerie, contre seulement 3 % des ETI et grandes entreprises.

Les secteurs les plus touchés par ces retards sont l’énergie et les services financiers, avec des retards moyens atteignant respectivement 57 et 55 jours.

Ainsi, une ETI ou grande entreprise du secteur de l’énergie peut parfois attendre jusqu’à 117 jours avant que ses factures ne soient réglées. Malheureusement, les perspectives d’amélioration sont faibles. En effet, 77 % des entreprises anticipent une augmentation ou une stagnation du nombre de retards de paiement.

Un indicateur clé renforce ce pessimisme : le nombre de défaillances d’entreprises. Entre août 2023 et août 2024, 63 380 défaillances ont été enregistrées, un chiffre supérieur à la moyenne observée entre 2010 et 2019. Selon la théorie généralement admise, ces défaillances ne sont pas alarmantes, car elles représentent un rattrapage post-Covid.

Bien que la Réserve fédérale des États-Unis et la Banque centrale européenne aient baissé leurs taux d’intérêt, ce qui pourrait inciter à l’optimisme, les défaillances d’entreprises ont atteint des niveaux record. Selon la Coface, aucune amélioration notable n’est attendue avant le second semestre 2025.

Un facteur qui contribue au pessimisme est le contexte politico social en France. François Asselin, président de la CPME, dit par exemple que l’on a « perdu un trimestre de croissance » avec la dissolution de l’assemblée nationale.

Près de 4 entreprises sur 10 considèrent l’environnement politico-social en France comme le principal risque pour leur activité

Ce risque dépasse les difficultés liées au recrutement, à la hausse des prix des matières premières, et même au ralentissement de la demande mondiale. Cependant, en 1997, lors de la précédente dissolution, la France avait enregistré une croissance de 2,3 %, ce qui remet en question la légitimité de cette crainte.

Les tensions géopolitiques demeurent une source majeure d’inquiétude, se classant au deuxième rang des préoccupations pour les entreprises exportatrices. Face à ces incertitudes, 78 % des entreprises voient le marché français comme le plus prometteur pour 2025. Par ailleurs, l’intérêt pour l’Europe de l’Est et le Moyen-Orient connaît une nette progression.

Dans ce contexte, 25 % des entreprises envisagent ou ont déjà initié des projets de relocalisation, avec la France comme destination privilégiée pour 77 % d’entre elles. Toutefois, le “friendshoring” gagne en popularité, notamment en Espagne, qui attire 7 % des entreprises grâce à des secteurs porteurs comme l’automobile, le conseil, les services aux entreprises, et l’agroalimentaire.

Malgré ces défis, les entreprises se montrent globalement optimistes quant à leur rentabilité et leur trésorerie, avec près de trois quarts anticipant une stabilité ou une progression sur ces points.

Conclusion

Cette étude met en lumière l’importance cruciale d’une gestion rigoureuse de la trésorerie dans un contexte économique morose, sous peine de se retrouver parmi les entreprises en défaillance. La génération de free cash-flow et les marges se réduisent. Elles sont affectées par une demande atone, la hausse des coûts salariaux dépassant celle de l’inflation, et des coûts de financement toujours élevés. De plus, les trésoreries sont fragilisées par les retards de paiement et les défaillances de partenaires commerciaux. Une gestion efficace du recouvrement devient ainsi un levier essentiel pour préserver la santé financière de l’entreprise.

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